Artsakh: Une démocratie à l’épreuve des balles

Les élections tenues mardi 31 mars ne dégagent pas de majorité absolue au Parlement et conduisent à un second tour pour la présidentielle. Des résultats qui témoignent d’une vie démocratique intense en dépit des menaces permanentes de la dictature azerbaïdjanaise aux frontières.

La République d’Artsakh a tenu ce mardi 31 mars des élections générales– législatives et présidentielles simultanées – suite à la réforme constitutionnelle de 2017. Il n’y avait pas moins de 12 partis ou coalitions en lice et 14 candidats à la magistrature suprême dans cette jeune République de 150 000 habitants.

On a décompté 76 728 suffrages exprimés, soit 73,05% des 104 348 électeurs inscrits sur les listes électorales. Aux termes des législatives, cinq formations politiques ont dépassé le seuil fatidique de 5% des suffrages exprimés pour être représentées à l’Assemblée nationale tandis qu’aucun candidat n’est parvenu à décrocher la majorité absolue à l’issue de ce premier tour des présidentielles.

Guy Teissier,
Président du Cercle d’Amitié

« C’est un résultat qui témoigne de la vigueur de la démocratie artsakhiote et je tiens à saluer la politique volontariste des autorités artsakhiotes à cet effet» a commenté Guy Teissier, le Président du Cercle d’Amitié France-Artsakh. « Plusieurs formations et plusieurs candidats proposent des projets de société substantiellement différents, des alliances ont même eu lieu sur des bases programmatiques et les électeurs se prononcent selon leurs affinités ; ces mécanismes sont ceux d’une authentique démocratie ce qui est plutôt rare dans la région  » a continué Guy Teissier.

Avec plus de 40% des suffrages, la coalition entre « Patrie libre » et « Alliance citoyenne unie » sera majoritaire à l’Assemblée nationale tandis que son leader Arayik Harutyunyan rate de peu l’élection au premier tour (49,26 %). Il est en ballotage favorable face à Massis Mayilian (26,4 %) et Vitali Balasanyan (14,7 %) qui concourront tous deux au second tour.

« Il est probable que l’Artsakh se dote d’un exécutif qui bénéficiera du soutien majoritaire de la Chambre et qui puissent ainsi développer une politique cohérente à même de poursuivre le développement du pays » a commenté Guy Teissier qui a néanmoins souligné que « la configuration finale devrait laisser place à l’expression démocratique d’une opposition »

Le « groupe de Minsk » de l’OSCE, en charge d’assister l’Artsakh et l’Arménie d’une part, et l’Azerbaïdjan d’autre part dans la recherche d’une solution négociée au conflit qui les oppose, a réagi à ces élections générales en soulignant qu’il reconnaît « le rôle de la population de l’Artsakh pour décider de son avenir » tout en rappelant que l’Artsakh n’est pas reconnu comme un Etat indépendant et souverain.

« L’OSCE serait plus clair en indiquant que la population de l’’Artsakh doit avoir un rôle prépondérant pour décider de son avenir conformément au droit international, et notamment à celui des peuples à disposer d’eux-mêmes. Par ailleurs, je reste convaincu que l’enracinement de la démocratie dans tout le Caucase du Sud, et avant tout en Azerbaïdjan, où elle fait cruellement défaut, pourra garantir in fine dans cette région la paix et la stabilité  » a conclu le Président du Cercle d’Amitié France-Artsakh.

Il y a quatre ans presque jour pour jour, l’Azerbaïdjan surmilitarisé échouait dans une offensive militaire contre la République d’Artsakh.