Création du cercle d’amitié de la République d’Artsakh
Les responsables politiques fondateurs de cette nouvelle structure veulent promouvoir le Karabagh en France et contribuer à la paix dans le Sud-Caucase.
Vice-président du groupe d’amitié France-Arménie à l’Assemblée nationale, François Rochebloine est le porte-parole du cercle d’amitié de la République d’Artsakh créé le 19 mars dernier.
France-Arménie : Pourquoi avoir créé ce cercle d’amitié de la République d’Artsakh ?
François Rochebloine : Pour qu’on connaisse la République du Haut-Karabagh (RHK) autrement que par le conflit. Hormis les parlementaires avisés qui s’intéressent à cette région du Sud-Caucase, beaucoup de gens ne connaissent pas le Karabagh. Or c’est un lieu absolument merveilleux où j’ai eu la chance d’aller à six reprises. Dans cette véritable démocratie se sont déroulées des élections présidentielles et législatives très bien organisées, qui devraient même servir d’exemple à d’autres pays de cette région ; des investissements importants y ont été effectués, notamment au niveau des écoles et des hôtels.
Vous dites vouloir élargir ce cercle à d’autres milieux que le monde politique. A qui pensez-vous en particulier ?
Tous les parlementaires (actuels ou anciens) qui ont fondé ce cercle d’amitié se sont rendus au moins une fois au Karabagh. Et il est important de souligner qu’il y a eu une véritable adhésion de leur part. Aujourd’hui, nous souhaitons étendre cette relation à d’autres parlementaires et à des élus de collectivités locales, que j’encourage à se rendre au Karabagh. Cela peut prendre la forme de jumelages ou de coopérations bilatérales au travers d’associations.
Il faut chercher également des partenaires économiques. Dans une prochaine mission, en fin d’année ou début 2014, il faudra emmener en Artsakh des décideurs économiques déjà implantés en Arménie, comme Pernod-Ricard, Orange ou le Crédit Agricole. Et pareillement au niveau de l’éducation : un lycée professionnel merveilleux est en train de se construire à Chouchi. Nous devons être les accompagnateurs de tous ceux qui veulent aider l’Artsakh.
Cette nouvelle structure a-t-elle pour vocation de populariser le combat de la RHK pour la reconnaissance de son indépendance ?
Nous devons faire connaître la situation telle qu’elle est, les origines de ce conflit et dire pourquoi ce peuple réclame son autodétermination. Sans faire acte d’ingérence, nous devons aider le Groupe de Minsk dont la France est l’une des coprésidentes avec les Etats-Unis et la Russie. Ce pays a besoin de vivre en paix. Nous menons donc une action de paix, mais aussi de lien entre le peuple du Karabagh et la France.
Nous sommes le 22 mars. Depuis trois jours, l’Azerbaïdjan a-t-il réagi à l’annonce officielle de la création de ce cercle d’amitié ?
Pas que je sache. Mais ce qui m’intéresse, ce sont les Karabaghtsis, un peuple méritant. Nous devons contribuer à l’ouverture de la ligne aérienne Erévan-Stépanakert, de façon à faciliter les liaisons entre l’Arménie et le Karabagh.
Quant aux Azéris, je leur demanderai d’abord de respecter le cessez-le-feu qui est violé à des milliers de reprises chaque année, en mettant fin aux tirs des snipers.
Les incidents du 26 février dernier à l’Assemblée nationale (cf. France-Arménie n° 395, pp. 16-20) ont-ils influé sur votre décision de créer ce cercle d’amitié ?
Absolument pas. Je le préparais depuis quelque temps déjà, avec mes collègues députés et sénateurs. Quant à la conférence, je voudrais rappeler que je ne suis pour rien dans son organisation – j’ai été un invité parmi d’autres parlementaires. Cela dit, je déplore les incidents qui ont eu lieu et je ne laisserai pas passer certaines choses dont on m’accuse. Je souhaite vraiment une enquête approfondie, et je veux savoir comment ces deux personnes se sont introduites à l’Assemblée. Et là, il n’y aura aucun cadeau de ma part !
Vous aviez vous-même essayé, il y a sept ou huit ans, de créer non pas un cercle d’amitié, mais un groupe d’amitié France-Artsakh au sein de l’Assemblée nationale (1). Pourquoi votre démarche n’a-t-elle pas abouti à l’époque ?
Simplement parce qu’alors que les bureaux de la Commission des Affaires étrangères et de l’Assemblée nationale m’avaient donné leur aval, l’intervention de l’ambassade d’Azerbaïdjan a fait reculer le bureau de l’Assemblée. Ce que je regrette… mais je m’en réjouirais presque aujourd’hui, car cela limitait le groupe aux seuls députés ; or là, il sera bien plus ouvert.
Le Parlement lituanien a créé un précédent, le 26 février, en établissant un groupe d’amitié Lituanie-Artsakh. Cette initiative pourrait-elle inspirer d’autres Parlements à travers le monde ?
Je le souhaite. Et c’est peut-être à travers ce type d’initiative que l’Artsakh sera officiellement reconnu. J’encourage tous ceux qui ne veulent pas céder aux pressions éventuelles de leur gouvernement à aller en Artsakh. Un parlementaire est libre de ses choix et de ses déplacements.
Propos recueillis par Varoujan Mardikian
(1) Un groupe d’amitié est créé à l’intérieur de l’Assemblée nationale ou du Sénat, et il est donc composé uniquement de parlementaires. Un cercle d’amitié peut regrouper des députés, sénateurs et maires (anciens et actuels).