Mercredi 21 février 2024, Paris, jour historique pour la France, mais également pour l’Arménie. L’entrée de Missak Manouchian au Panthéon est un événement historique pour nos deux pays, une reconnaissance d’un « français non par le sang reçu, mais par le sang versé ».
Le sacrifice de Missak Manouchian témoigne de l’engagement de tous les Arméniens envers la France, au nom de ce lien indéfectible qui trouve ses racines il y a dix-sept siècles.
Parmi les vingt-trois hommes fusillés au Mont-Valérien le 21 février 1944 figurait son ami Armenak Manoukian, natif de Chouchi, ville d’Artsakh tombée aux mains de la dictature azerbaïdjanaise en octobre 2020. Le groupe Manouchian comptait de nombreux autres Arméniens, H. Tebirian exécuté à Trondes, mais aussi H. Karayan, A. Tchakarian, A. Konstantinian, M. Mavian, D. Vosguiritchian, qui furent envoyés à Bordeaux, à Lyon ou en Meurthe-et-Moselle après l’exécution de leur chef.
En plus de leurs actions pendant l’Occupation, les FTP-MOI arméniens d’autres groupes jouèrent un rôle majeur au moment de la Libération, secondant les FFI pour celle de Marseille, aidant au débarquement des troupes alliées à Saint-Tropez et à Toulon.
Outre ceux versés dans les FTP-MOI, des Arméniens de toutes sensibilités et origines engagèrent leurs vies pour la liberté de la France. Environ 100 000 d’entre eux s’enrôlèrent sous les drapeaux des Alliés, principalement en France. Ils avaient déjà été des milliers à servir le drapeau tricolore pendant la Première Guerre Mondiale, sur le sol français, mais aussi au Proche-Orient, dans la Légion arménienne.
Des soldats arméniens soviétiques, dont des Arméniens d’Artsakh, enrôlés de force dans la Wehrmacht après avoir été capturés, s’évadèrent à leur arrivée en France pour reprendre la lutte contre les nazis. Ils contribuèrent à l’anéantissement des Allemands en août 1944 en Lozère, en Aveyron, en Haute Loire et dans le Cantal, libérèrent des villes ou villages comme Mende, Nîmes ou La Calmette.
La liste serait trop longue à détailler, mais n’oublions pas d’autres Arméniens engagés dans la résistance, tels que la famille de Charles Aznavour, la poétesse Louisa Aslanian morte à Ravensbrück, le commandant Manoukian, chef de la Résistance de Deuil-la-Barre, Louisette Hovanessian-Texier résistante et l’une des premières femmes pilote de course automobile, Anita Conti, première femme océanographe et première femme militaire à bord des navires de la Marine française en 1940.
« Alors que les Arméniens de la République d’Artsakh, défenseurs ardents des valeurs de la démocratie et des libertés fondamentales, ont été chassés de leur pays par la dictature azerbaïdjanaise, la France a un devoir de mémoire mais aussi un devoir de soutien envers ce peuple qui n’a jamais hésité à verser son sang pour elle », déclare François Pupponi, Président du Cercle d’amitié France-Artsakh, invité par le Président de la République à assister à la Panthéonisation.